Sur la façade de son atelier ornée de lattes de bois on peut lire : « Parce que la vie est à construire… » Pour Jean Philippe Thomas, un bâtiment ne se résume pas à une construction savante et esthétique, il n’oublie jamais qu’une fois les plâtres essuyés, des femmes et des hommes vont y circuler, travailler, respirer, se parler… Un lieu de vie n’est pas seulement un lieu, c’est avant tout la vie. Et elle doit, pour être accomplie et heureuse, s’intégrer dans un humble respect à son environnement.
« Je ne fais pas de l’architecture seulement pour l’objet à construire, ce qui compte c’est le bien-être des habitants. Le bâtiment doit être en harmonie avec la nature environnante et ses saisons, avec la lumière naturelle, proposer des volumes qui tissent des liens entre les gens tout en les protégeant. »
Jean Philippe Thomas est un amoureux de la culture scandinave et des paysages sylvestres. De ses nombreux séjours nordiques, il a rapporté l’amour du bois, qu’il utilise dans la plupart de ses réalisations. Un matériau noble, sobre et écologique qui insuffle naturellement un sentiment d’apaisement.
« Le bois est un instrument ultra-moderne, sa grande plasticité, ses performances techniques remarquables et sa longévité toujours élégante permettent une grande précision dans la construction qui doit s’inscrire dans le temps », affirme-t-il.
Une enfance ardennaise, des parents fonctionnaires et le souvenir des histoires racontées par son grand-père, mineur d’origine italienne qui a fuit la misère entre les deux guerres pour extraire l’ardoise dans la vallée de la Meuse. Des racines profondes qui lui confèrent une fierté retenue et un attachement viscéral à la nature et aux matériaux bruts.
S’il a pensé un temps être cuisinier, c’est la passion des bâtiments ferroviaires qui a sans doute fait naître sa vocation d’architecte. « Je construisais des gares en carton avec un foisonnement de détails, à partir de vrais plans récupérés auprès de cheminots. C’est ainsi, je crois, que j’ai pris conscience des volumes des bâtiments, des relations qu’ils entretiennent avec leur environnement. C’était un monde idéalisé dont j’étais le maître d’œuvre, et j’étais encore loin d’imaginer que j’en ferais mon métier », lâche-t-il dans un sourire discret et pudique.
Dans ses projets architecturaux, l’éthique précède toujours l’esthétique. Qu'il s'agisse d'un bâtiment à construire ou à rénover, le respect de l’empreinte historique et environnementale l’emportera toujours. Pour lui la modernité ne se niche pas dans une arrogante « tabula rasa », mais dans le choix cohérent et intégré au paysage des bons volumes, des bons matériaux et des technologies énergétiques de pointe.
« Je veux créer une architecture en lien avec l’extérieur et qui rende les habitants heureux et conscients de leur lieu de vie. Je veux tendre vers un réenchantement de l’architecture, engagée et sensible. L’architecture est au centre de la société, c’est une reponsabilité esthétique, culturelle et sociétale essentielle. L’architecture c’est parler VRAI ».